11 septembre 2024

La finance durable au Canada – Dynamique actuelle et perspectives d’avenir

Par Katie Wheatley, responsable pour le Canada des principes pour l’investissement responsable (PIR) soutenus par les Nations Unies

La finance durable au Canada est à la croisée des chemins. Contrairement à certains domaines de compétence, l’investissement responsable au Canada a largement évité une forte politisation. La communauté de l’investissement responsable au Canada se trouve aujourd’hui face à une occasion unique : le pays peut créer un environnement favorable aux investisseurs, mettre en place un système réglementaire de premier plan profitable à la société et à l’économie canadiennes dans leur ensemble sur le long terme.

Alors que le changement climatique s’accélère et que les questions sociales et de gouvernance, telles que la réconciliation avec les populations autochtones, un travail décent et l’équité fiscale, occupent le devant de la scène, le système financier passe à l’action : dans le respect de leurs obligations fiduciaires et envers la planète, les investisseurs reconnaissent qu’il est essentiel d’assurer la transition vers un avenir durable en optant pour l’investissement responsable.

Au Canada, près de 240 investisseurs institutionnels et prestataires de services se sont engagés à signer nos six principes pour l’investissement responsable qui se concentrent sur l’intégration des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance dans les décisions d’investissement et de propriété. Les principes ont été élaborés par des investisseurs, pour des investisseurs. En les mettant en œuvre, le réseau mondial de plus de 5 000 signataires des PIR contribue au développement d’un système financier plus durable. Ces principes ont attiré des signataires représentant la majorité des investissements gérés professionnellement dans le monde, ce qui illustre le poids de ce mouvement.

Les investisseurs canadiens sont parfaitement conscients des risques systémiques posés par le changement climatique, comme en témoignent les récents incendies de forêt, les sécheresses et les crues soudaines qui ont causé des perturbations opérationnelles et des dommages physiques, affectant ainsi le rendement des investissements. L’incendie de forêt de Fort McMurray en 2016 a entraîné des dépenses de 9,5 milliards en coûts directs et indirects, ce qui illustre le poids financier de ces phénomènes météorologiques extrêmes.

Conscients de cette situation, de nombreux investisseurs se sont engagés dans un dialogue constructif avec les entreprises canadiennes par le biais d’initiatives comme Engagement climatique Canada pour les aider à infléchir la courbe de leurs émissions afin de maintenir leur compétitivité dans l’économie carboneutre de demain. Les investisseurs canadiens prennent également des mesures explicites afin de tenir compte des dimensions sociales de la transition dans le cadre de leur gestion. Par exemple, lorsque l’initiative Engagement climatique Canada a établi pour la première fois son Indice de référence net zéro en s’inspirant largement du cadre de référence de Climate Action 100+, elle a défini des indicateurs supplémentaires uniquement liés à la transition afin d’évaluer les impacts potentiels des stratégies de décarbonisation des entreprises sur les peuples et les travailleurs autochtones.

Au niveau national, le Canada a inscrit la durabilité à son ordre du jour en adoptant des lois et des politiques ambitieuses telles que la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, le Plan de réduction des émissions pour 2030 et la Loi fédérale sur le développement durable. Pourtant, dans le domaine de la finance durable, il existe encore bien des possibilités de jouer un rôle de premier plan à l’échelle mondiale.

En 2023, le PRI a publié un rapport qui contient plusieurs recommandations politiques visant à mieux soutenir les investisseurs responsables. L’organisme a constaté que les investisseurs canadiens pourraient bénéficier d’outils fondamentaux supplémentaires qui ont aidé leurs homologues ailleurs dans le monde, notamment une taxonomie de la finance durable et des informations complètes et comparables à l’échelle mondiale sur le développement durable fournies par des sociétés ouvertes et fermées.

Au mois d’octobre, le PRI organisera sa réunion annuelle de conférence annuelle PRI In Person à Toronto. Cet événement, qui réunit l’écosystème mondial de l’investissement responsable, des investisseurs aux décideurs politiques, intervient à un moment charnière. L’alignement sur les cadres internationaux et la collaboration avec les organismes mondiaux sont essentiels pour faire face aux risques urgents et systémiques tels que le changement climatique. Le Canada peut jouer un rôle de premier plan dans le domaine de la finance durable en s’appuyant sur les fondations déjà établies et en les ajustant grâce à l’expertise locale.

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