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21 juin 2023

La salle du conseil à l’avant-garde : un retour sur le Congrès national des administrateurs de l’IAS de 2023

Par Prasanthi Vasanthakumar, Institut des administrateurs de sociétés

L’Institut des administrateurs de sociétés a tenu en présentiel pour la première fois depuis 2019 le Congrès national des administrateurs et le Gala des fellows de l’IAS. Plus de 500 cadres supérieurs et chefs de file en matière de gouvernance de sociétés se sont réunis à Montréal, du 13 au 15 juin, tandis que plus de 400 autres se sont joints virtuellement.

Entrecoupés d’événements de réseautage, le congrès et le gala de cette année ont accueilli plus de 40 conférenciers de renommée mondiale, dont M. Noubar Afeyan, cofondateur et président du conseil, Moderna; Mme Rana Foroohar, chroniqueuse d’affaires mondiales et rédactrice en chef adjointe, Financial Times; et Mme Gillian Tett, présidente du comité de rédaction américain et envoyée spéciale pour l’Amérique, Financial Times.

De l’intelligence artificielle aux rapports sur le développement durable, en passant par les risques liés à la chaîne d’approvisionnement et le style de leadership, la gouvernance était au cœur de toutes les discussions. Le rapport de l’IAS et du Groupe TMX, L’avenir de la gouvernance des sociétés canadiennes : une approche raisonnée pour répondre aux attentes croissantes envers le conseil d’administration, a également été abordé lors des discussions.

Mme Tett a encouragé les chefs d’entreprise à comprendre le monde des affaires d’aujourd’hui à travers le prisme d’un anthropologue amateur. Le panel sur l’incertitude géopolitique et commerciale a mis en évidence l’importance de la diplomatie et de la technologie dans la gestion des risques politiques et économiques. La session sur les facteurs ESG et l’investissement durable a suggéré qu’il peut être judicieux de s’attaquer aux facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance séparément afin de déterminer ce qui est le plus pertinent pour une organisation.

Il est impossible de retranscrire par écrit la magie et l’énergie du congrès, mais voici un aperçu de quelques-unes des discussions.


Mme Rana Foroohar anime le discours liminaire du matin. © Bénédicte Brocard.


Un nouvel ordre mondial
Dans son discours liminaire du matin, intitulé « Gouverner à l’ère de la localisation de l’économie », Mme Foroohar s’est penchée sur les forces politiques et économiques auxquelles sont confrontés les administrateurs de sociétés. Selon elle, l’ère du capital, de la main-d’œuvre et de l’énergie bon marché est révolue. Ce « paradigme voulant que tout soit bon marché » s’accompagnait de nombreux risques commerciaux, tels que ceux liés à la concentration des chaînes d’approvisionnement et aux conditions de travail dangereuses dans les pays en développement.

Mme Foroohar prévoit que le commerce mondial sera de plus en plus localisé et régionalisé. Les entreprises passeront d’un modèle d’efficacité à un modèle de résilience et de redondance pour atténuer ces risques. Ce modèle, couplé à la transition énergétique et à l’augmentation des dépenses d’investissement, entraînera une persistance de l’inflation à court terme. Mais à la fin de cette métamorphose, le monde sera plus équilibré, affirme Mme Foroohar. Les administrateurs ont un rôle important à jouer dans cette évolution.

« Ce sentiment de bâtir un nouveau système de valeurs pour les parties prenantes, de penser non seulement aux consommateurs et aux détenteurs d’actifs, mais aussi aux citoyens et aux travailleurs, et d’équilibrer la production, la consommation ainsi que la croissance des actifs et des revenus nous conduira à un monde meilleur », explique-t-elle.


M. Mark Podlasly, Mme Cherie Brant, Mme Collette Brown-Rodriguez et M. Ricky Fontaine (de gauche à droite) expliquent pourquoi la représentation autochtone au sein d’un conseil d’administration est importante.

La valeur des administrateurs autochtones
Lors de la table ronde « Créer de la valeur grâce aux partenariats autochtones – Le rôle du conseil », M. Mark Podlasly, administrateur, Hydro One; Mme Cherie Brant, administratrice, Banque TD, Hydro One, Conseil canadien pour l’entreprise autochtone; Mme Collette Brown-Rodriguez, administratrice, Apollo Silver Corp.; et M. Ricky Fontaine, associé principal, RGL Fontaine, ont expliqué pourquoi la présence d’administrateurs autochtones est inhérente aux facteurs ESG, et pourquoi elle est importante.

Les panélistes ont noté que les administrateurs autochtones apportent des perspectives uniques issues de leur expérience et de leurs connaissances, qu’ils ont des liens étroits avec la communauté et ses projets, qu’ils comprennent les économies des gouvernements autochtones et les besoins des communautés, et qu’ils apportent une vision de la résilience développée à travers les difficultés rencontrées par de nombreux peuples des Premières Nations.

Ils ont également discuté de la manière dont les conseils d’administration peuvent recruter davantage de membres autochtones. Ils devraient notamment surmonter les idées préconçues, par exemple celle voulant que tous les Autochtones soient contre l’exploitation minière, et demander à d’autres administrateurs autochtones et à des dirigeants communautaires de recommander des candidats.

M. Podlasly encourage les membres des conseils d’administration à lire l’article 92 à zéro par Services économiques et Leadership avisé de RBC.

« Il s’agit de considérer les populations autochtones non pas comme un facteur de risque pour votre entreprise et vos activités, mais comme un avantage concurrentiel pour le développement de projets, la recherche de capitaux, l’adhésion de l’opinion publique et, de plus en plus, l’accès au marché avant les concurrents », explique-t-il.


Mme Estelle Métayer, M. Jo Mark Zurel, Mme Isabelle Courville et Mme Jacynthe Côté (de gauche à droite) discutent des meilleures pratiques pour les présidents de conseil.

Comment être un président du conseil efficace
Lors de la séance de clôture du congrès, « Des présidents de conseil hautement efficaces : comment y arriver », Mme Jacynthe Côté, présidente du conseil, Banque Royale du Canada; Mme Isabelle Courville, présidente du conseil, Canadien Pacifique; M. Jo Mark Zurel, président du conseil, Fortis inc.; et Mme Estelle Métayer, présidente du conseil, Nortera, ont discuté des meilleures pratiques pour les présidents de conseil.

Un panéliste a fait remarquer que pour être un bon président du conseil, il faut se préparer en siégeant au conseil d’administration et en présidant des comités pour « développer les muscles » de la gestion de crise, définir clairement ce qui constitue une crise nécessitant l’attention du conseil d’administration et instaurer un rapport de confiance avec la direction.

Un autre panéliste a souligné l’importance de la circulation de l’information lors de grandes transactions. Les séances d’information sur les relations publiques, les rapports de gestion et les réunions du conseil d’administration doivent se dérouler à un rythme cohérent et fréquent afin que le conseil d’administration et la direction soient sur la même longueur d’onde.

Les présidents de conseil ont également observé la valeur des discussions régulières et individuelles avec les autres administrateurs et les chefs de la direction pour identifier les problèmes potentiels et préparer l’ordre du jour d’une réunion. « En effet, un conseil d’administration bien géré a besoin de personnes qui se font confiance », a déclaré Mme Courville. La création d’occasions d’interaction entre le conseil d’administration et la direction en dehors des réunions du conseil est un élément essentiel du travail du président du conseil.


M. Noubar Afeyan prononce le discours liminaire du Gala des fellows.
 
Réaliser l’impossible
Imaginez recevoir un appel téléphonique où l’on vous demande de sauver le monde. C’est ce qui est arrivé à M. Noubar Afeyan, et le discours liminaire qu’il a prononcé lors du Gala des fellows a été une leçon de leadership sous le feu de l’action. Le président du conseil de Moderna a présenté les défis en matière d’aspects réglementaires, de chaîne d’approvisionnement et de sécurité humaine auxquels Moderna a dû faire face pour fournir des milliards de doses de vaccin contre la COVID-19 dans le monde entier pour sauver des vies. Il s’est également penché sur le rôle du conseil d’administration dans la prise de décisions complexes et rapides pour atteindre un objectif qui semblait impossible.

L’histoire de M. Afeyan, qui a su diriger avec humilité et humanité, a reçu une ovation du public.

Joignez-vous à nous l’année prochaine pour le Congrès national des administrateurs et le Gala des fellows de l’IAS de 2024 à Toronto, du 4 au 6 juin.
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